A l’origine, Aristote théorise (An 334 avant J.C) le principe d’échanges équilibrés et les trois fonctions de la monnaie :
Grâce à ces trois fonctions, on pourrait penser que la monnaie permette une circulation fluide des ressources (biens et services) pour répondre aux besoins humains
Pourtant, aujourd’hui :
L'économie réelle a pour principales fonctions de maintenir en santé, nourrir, vêtir, loger, déplacer et informer tous les citoyens pour qu’ils puissent, dans le respect des autres et du bien commun, étendre leurs libertés individuelles et expérimenter le chemin de leur propre bonheur. Or, les 98% de transactions sur les marchés sont spéculatifs. Ces transactions financent et encouragent certaines activités et comportements d’exploitation et de prédation (spéculation sur les matières premières, activités polluantes et destructrices, …)
Cette monnaie de crédit se détruit au fur et à mesure de son remboursement. Il faut donc en permanence en recréer et cette création s'accompagne d'intérêts qu’il faudra rembourser par de nouveaux crédits. Cela crée une économie basée sur l’endettement et une rareté artificielle de la monnaie en circulation.
En effet, celle-ci est devenue une marchandise que l'on doit acheter. Ceux qui la produisent, (les banques privées essentiellement), n'ont donc aucun intérêt à ce qu'elle soit abondante puisqu'ils vivent sur sa rareté (voir ci-dessous).
La monnaie une marchandise ? Un exemple pour mieux comprendre
Vous vendez des œufs et en avez le monopole. Un œuf vaut 1€ et vous prend 1h de temps de travail. Vous produisez 100 œufs par an. Chaque habitant vous en achète 1 par an. Vous gagnez donc 100€/an.
Maintenant, imaginez : Tous les habitants estiment que manger un œuf par an est vital. Comme vous êtes malin, vous décidez de n'en produire que 50 par an. Les œufs sont 2 x plus rares maintenant. Comme tout le monde veut des œufs, leurs prix doublent. Vous gagnez maintenant 2€/heure et ne travaillez plus que 50h ! Et vous gagnez toujours 100€/an.
Vous n'avez aucun intérêt (si vous n’avez pas d'éthique bien sûr) à mettre en circulation plus d'œufs en travaillant 2 x plus pour gagner autant…
Bien sûr, cela ne marche que si vous avez le monopole de la production/distribution d’œufs. Et que personne d'autre que vous ne puisse en fabriquer.
C'est pareil avec la monnaie ! Elle est devenue une marchandise.
Ceux qui la fabriquent n'ont aucun intérêt à en produire plus ... Sinon les habitants, entreprises, collectivités en auraient suffisamment et n'auraient que peu souvent besoin de faire du crédit ...
De plus, l'usage de l'euro, dont l'émission n'est pas garantie par des biens ou des services respectueux des humains et de la nature, est risqué. Sa valeur dépend des marchés financiers internationaux. En effet, l'euro est une marchandise "comme une autre" : sa valeur fluctue en fonction du désir des citoyens d'en avoir et de sa quantité disponible.
Avec l'euro, seul 5% de son volume est permanent ... 95% des euros sont une monnaie temporaire qui n'existe que le temps qu'on la rembourse avant d’être détruite. Elle sera à nouveau mise en circulation contre un nouveau crédit et bien sûr les intérêts qui en découlent.
Pour aller plus loin:
De plus en plus de personnes, aujourd’hui, ne souhaitent pas participer à ce système économique qui exploite les humains comme l’environnement et choisissent, notamment, une consommation plus locale.
Cette démarche, si elle soutient effectivement l’activité locale et le lien social, n’empêche pas que nos Euros s’évadent sur les marchés financiers et financent ce système économique et monétaire destructeur du Vivant.
La Double Vie de nos €uros
Nos euros ont un impact sur l’économie, quand nous les utilisons… et quand nous ne les utilisons pas ! Stocker des euros c’est, en grande partie, financer les marchés financiers. En effet, il y a comme un double circuit de la monnaie :
En euro, nous avons donc peu de contrôle sur ce que nos euros financent. Certes, nous pouvons choisir où nous consommons individuellement mais pas si notre vendeur utilisera cet argent en accord avec nos valeurs. Et dès que cet argent atteint un compte bancaire (sauf banque éthique), nous perdons toute souveraineté sur ce qu’il va financer.
On vous explique tout !
Quand vous utilisez une monnaie citoyenne, vous prenez des euros à une banque commerciale classique et vous les déposez sur un compte épargne d'une banque éthique. Parce qu'elles ont besoin de monnaie centrale pour faire ces crédits, ce simple geste divise par 12 la capacité de crédit des banques commerciales et multiplie par 12 la capacité de crédit de la banque éthique, soit un levier de 144 en faveur de nos valeurs. Aucune autre action citoyenne n’est capable de faire cela.
Mais ce n’est pas tout.
Vous doublez la masse monétaire dans votre territoire de vie et l'y maintenez. L'euro que vous avez déposé sur la banque éthique pour nantir l'équivalent de notre monnaie citoyenne va participer à l’offre de crédit de la banque éthique, et en même temps, l’Abeille que nous mettons en circulation, va circuler aussi entre les acteurs locaux, créant ainsi de la richesse locale.
Nous avons donc bien doublé la masse monétaire dans notre territoire : un euro sous forme d'épargne et l'autre sous forme d'un coupon de billets ou sous forme d’Abeille numérique.
Ce coupon, d'ailleurs, sera perdu pour les marchés financiers puisqu'il va circuler jusqu'à sa mort dans l'économie locale.
Et ce n'est pas deux ou quatre fois plus d'échanges qui seront produits pour un euro classique, mais bien plutôt 4, voire 6 fois plus. Le taux de rotation d’une monnaie locale complémentaire est en moyenne de 6 (et pourrait aller jusqu’à 12) alors que taux de rotation officiel de la banque européenne est 2,5.
Pas mal, mais ce n'est pas tout
En appliquant une fonte sur votre monnaie (si vous n’utilisez pas vos Abeilles vous payez une petite taxe de stockage), vous renforcez encore sa vitesse de circulation.
Nous savons par expérience que si vous appliquez une petite fonte sur votre monnaie citoyenne, c'est -à -dire si elle perd un peu de sa valeur périodiquement, les usagers vont s'en séparer beaucoup plus vite et ne la laisseront pas dans leur tiroir ou dans un portefeuille.
Cette incitation à la circulation augmentera sensiblement sa vitesse de rotation. Pour atteindre les 10 à 12 euros de production de richesse pour un seul euro injecté en monnaie citoyenne.
Ne voyons pas cela comme une incitation à la croissance, mais plutôt comme une incitation à laver plus d’euros ! Car tout ce qui se dépensera en monnaie citoyenne sera respectueux des humains et de la nature.
Mais ce n'est pas tout encore !
Vous allez pouvoir distinguer la production qui respecte les humains et la nature.
En effet, payer une monnaie citoyenne locale, c'est s'assurer que la richesse qui va être créée grâce à sa mise en circulation sera respectueuse des humains et de la nature ou du moins sera en train de le devenir.
En effet, chaque acteur qui l'accepte comme un moyen de paiement sera sélectionné sur sa capacité à produire de la valeur ajoutée sociale et environnementale.
D'autre part, les euros nantis à la banque éthique pourront être utilisés via le crédit pour favoriser l'investissement des acteurs locaux.
Un formidable booster quand on sait la rareté de l'argent investi dans l'économie locale par rapport à celui investi sur les marchés financiers.
Mais ce n’est pas tout, voici la cerise sur ce “financier” de gâteau !
Vous allez enfin relocaliser la gouvernance de la monnaie et y faire participer toutes les parties prenantes de votre territoire.
Le dernier effet de l'usage de l’Abeille n'est pas des moindres.
En effet, en associant toutes les parties prenantes de notre territoire de vie à sa gouvernance sous la forme d'un collège de citoyens, d'élus, d'associations, d'entreprises et de partenaires financiers, vous allez les aider à comprendre les rouages de la création, de la circulation et de la destruction de votre monnaie citoyenne, ce qui va augmenter leur capacité à travailler ensemble, voire à coopérer pour optimiser la création de richesses sur leur territoire.
Et cette confiance qui va se créer est la plus essentielle des garanties à une circulation de votre monnaie au service des humains et de la nature.
Les monnaies citoyennes locales ont une longue histoire. Elles semblent avoir toujours été présentes en parallèle des monnaies officielles afin d’assurer l’équilibre économique. On en retrouve des traces en Égypte antique, au Moyen-Age, ou plus récemment en Autriche, suite à la crise de 1929. Il en existe aujourd’hui de tous types aux quatre coins du globe.
Il y a à ce jour en France, environ 80 monnaies citoyennes locales.
Les monnaies citoyennes locales sont reconnues dans la loi Économie Sociale et Solidaire (ESS) du 31 juillet 2014, à l'article 161.
Elles sont tenues de respecter certaines règles de fonctionnement édictées par l'ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution) de la Banque de France : constitution d'un compte de réserve, interdiction de rachat de Monnaies citoyennes locales en euros (sauf professionnels), pas de rendu de monnaie en euros et tenue à jour de la liste des utilisateurs.
Pour aller plus loin :